Apesanteur

Apesanteur est un album avant-gardiste présentant des semi-chansons ; un nouveau genre faisant la scission entre la musique et le texte afin de mettre en valeur chacune de ses parties dans une approche accrocheuse et accessible. Les 25 pièces qui sont très courtes (entre 1m15 et 1m45) reflètent bien l’esthétique de l’instantané qui est de plus en plus présente dans la société d’aujourd’hui. Elles proposent donc des pièces courtes, accrocheuses et avec peu de mots (mais lourds de sens) ! De plus, les refrains sont ici remplacés par des boucles de voix originales et mélodieuses qui accrochent l’oreille. Au plan thématique, les semi-chansons d’Apesanteur ne tombent pas dans la lourdeur d’un propos, mais sont plutôt toujours égayées d’une note positive tout en étant profondes.

À la base, Apesanteur s’inspire de 25 photographies de l’artiste allemande et albertaine Evelyn Berg. Cette artiste se spécialise dans la photographie abstraite et a pour démarche artistique de chercher, à travers les photos captées, des images cachées qui tentent de récupérer l’essentiel poétique de la cible visuelle initiale. La majorité des photos dont je me suis inspirée sont issues du projet Carscapes dont les images abstraites présentées ont été créées à partir de photographies de vieilles voitures abandonnées et rouillées prises dans les régions rurales de l’Alberta.

Inspirée par le caractère transfigurant de la rouille, voire de l’effet du temps sur nos âmes en carcasse, Apesanteur cherche donc à allumer les phares sur la part de légèreté et de beauté qui toujours subsistent en ce monde, et ce, malgré les accrochages, voire les accidents que connaît toute trajectoire humaine. En effet, n’est-il pas vrai de dire qu’avant même de finir au garage ou entièrement rouillée dans un dépotoir, la majeure partie de la vie d’une voiture consiste à filer en toute légèreté sur les routes ? Nous vivons certes tous des passages difficiles, mais n’est-il pas vrai de dire qu’une grande part de légèreté est inextricable à tout quotidien ? Comme quoi, par extension métaphorique, toute existence humaine contiendrait peut-être au bout du compte une plus grande part de beauté que de noirceur. Cette vision est bien sûr discutable, mais je crois qu’elle demeure inspirante pour qui l’entend, et ce, peu importe son caractère absolu ou non.

Ainsi, les textes et musiques qui ont été créés au terme de ce projet désirent livrer une parole simple qui invite à ouvrir les yeux sur les mille et une petites parcelles de beauté qui, de façon souvent subtile certes, demeurent intimement rattachées à toute expérience humaine.


Cette oeuvre a été en partie financée par :